Le saviez-vous?
Les débuts de notre sport
L'origine de notre noble sport est quelque peu controversée. Deux peintures du Flamand Pieter Brueghel, datés de 1565, Les chasseurs dans la neige et Paysage d'hiver avec patineurs et trappe aux oiseaux, montrent des personnes jouant un jeu ressemblant à notre curling.
En y regardant de plus près et en étudiant quelque peu les recherches des historiens, on s'aperçoit qu'il s'agit à coup sûr de disques de bois et/ou de glaise gelée avec un manche " vertical " et non pas de pierres. On n'a d'ailleurs jamais retrouvé dans les étangs, lacs ou cours d'eau, des pierres avec des manches datant de cette époque. En fait il s'agit là très probablement du jeu que nous appelons aujourd'hui " Eisstock schiessen " toujours encore populaire dans les Alpes de la Suisse alémanique, allemande et autrichienne. Cela ne veut pas dire que cela est une preuve absolue puisque même au début du 20ème siècle (Canada) on jouait au curling avec des " pierres " en acier ou en bois lestés de ciment ! faute de matériel adéquat !
Par contre en Ecosse on retrouve des pierres " travaillées " dans des cours d'eau et des lacs (loch). La première retrouvée à ce jour et datée, est la " Stirling stone " avec la date de 1511 gravée dans la pierre. C'est aussi en Ecosse que ce jeu a évolué au fil des siècles. Il est donc logique de dire que ce jeu (aujourd'hui un sport dans le vrai sens du terme) nous vient d'Ecosse.
Uli Sommer
Pourquoi notre sport s'appelle "CURLING" ?
La première mention " curling " nous vient d'Ecosse. Il est consigné dans un écrit daté de 1541. Cependant ce terme n'a rien de commun, comme nous le croyons, avec la courbe (trajectoire) que fait la pierre en glissant sur la glace!
A cette époque on appelait ce jeu aussi " the roaring game " à cause du bruit (vrombissement) que provoque la pierre glissant sur la glace d'un étang ou lac. Une autre appellation pour " roaring " nous vient du vieux verbe anglais "to curr" qui signifie aussi gronder, bourdonner, ronronner etc… L'appellation "curling" provient manifestement du vieux verbe "to curr" et non pas du verbe "to curl" (faire des boucles, boucler). De plus les trajectoires "courbes" n'apparaissent, d'une manière significative et contrôlée, qu'à partir de la 2ème moitié du 19ème siècle !
De nos jours nous associons la définition "curling" aux trajectoires que la pierre fait sur la glace. Nous appelons "curle" cette trajectoire en forme de courbe ainsi que l'action elle-même (verbe curler). La pierre curle beaucoup ou peu. Nous l'associons aussi à une qualité de la glace : une glace qui curle beaucoup ou peu !
Uli Sommer
Les pierres de curling; leurs origines
Vaste sujet et probablement jamais véritablement " exact "
Au commencement, si on peut dire (1500 à1650 env.), les Ecossais prenaient des cailloux plus ou moins plats au bord des lacs et rivières pour les lancer le plus loin possible sur la glace. Ceux qui allaient bien furent gardés personnellement. Ils avaient un poids de l'ordre de 2 à 10 kg. On les appelait des " loofies " En lieu et place d'une poignée, ces pierres étaient dotées d'une sorte de dépression conçue pour accepter le doigt et le pouce du joueur.
Puis apparurent des blocs de pierre (1650 à 1800 env.) avec une poignée rudimentaire et de plus en plus lourdes, jusqu'à env. 50 kg. Elles étaient difficiles à lancer mais une fois placées, on avait toutes les peines pour les déloger !
Les pierres rondes et presque symétriques avec diverses poignées apparurent fin du 18ème siècle grâce au talent de certains artisans. Elles pesaient jusqu'à 30 kg ! Elles étaient en granit ou en basalte (en Ecosse).
Peu à peu les pierres se " normalisaient " afin que les compétitions soient plus loyales et cela grâce au curling club de Duddingston (1804) et au Grand Caledonian Curling Club (1838).
A noter aussi que l'entreprise Kay, fabricant de pierres de curling qui fournit les pierres des jeux olympiques et qui exploite exclusivement les carrières de l'ile d'Alisa Craig, commença à faire ce job en 1851 !
Mais…en deuxième partie du 18ème siècle ce sport-loisir a été exporté dans le monde entier par les Britanniques (d'Ecosse évidemment). Comme il fallait se débrouiller avec les matériaux sur place on a vu naitre diverses " pierres " bizarres et pas forcements en granite ! :
On reconnaît généralement que le 78e régiment des Highlanders de Fraser faisait fondre des boulets de canon pour en faire des " pierres " de fer utilisées dans des joutes à Québec en 1759 et en 1760. On peut dire que les premières pierres à être utilisées au Canada dans la seconde moitié du 18ème siècle étaient des " pierres " en fer en forme de bouilloires. Elles pesaient environ 60 à 80 livres (27 à 36 kg) chacune pour les hommes et 40 à 48 livres (18 à 21 kg) pour les femmes. Lorsque vingt marchands de Montréal se réunirent pour former le Club de curling de Montréal en 1807 (1er club sportif de l'Amérique du Nord), ils ont commencé à utiliser des pierres en fer exclusivement.
A remarquer que jusqu'en 1953, l'association féminine de la branche canadienne du Royal Caledonian Curling Club utilise ces " fers " dans le cadre des compétitions annuelles pour le trophée Lady Tweedsmuir!
Uli Sommer
1981, année faste
Pour changer un peu des pierres et de leur évolution dans le temps :
Un fait unique (et historique) qui jalonne le Curling lausannois :
L’année 1981 (de janvier à décembre) fut particulièrement faste pour Lausanne, plus particulièrement pour le CC Lausanne Riviera :
Il fut Champion Lausannois, Champion Romand (région Ouest), Champion Suisse, Champion d’Europe et Champion du Monde.
Pour rappel, en 1981 il y avait encore 3 régions distinctes avec chacun leur comité : La région Ouest, Centre et Est et une bonne dizaine de clubs lausannois !
Quelle année, quelle réussite et il y a toujours deux joueurs de ces anciennes équipes qui jouent
Uli Sommer
Pierre qui tourne ...
Comme déjà mentionné, en première moitié du 19ème siècle apparurent les pierres rondes d’une vingtaine de kg (20kg) afin de normaliser les joutes entre les clubs ou régions. Nous le devons au club de Duddingston (1795) et de la première Fédération du monde, le Grand Caledonian Curling Club (1838) (nommé en 1843 Royal Caledonian Curling Club).
Les curlers tiennent pour acquis qu’il y a toujours eu des effets intérieurs et extérieurs lors du lancer de la pierre (le curle). Ce n’est pas le cas !
La première pierre (avec un fond creux) qui fit une trajectoire courbe, on parlait alors de « twist » est probablement celle de utilisée par Mr Tam Pate dès 1784. Il en suivi une polémique qui dura près d’un demi-siècle :
En Écosse, à la fin des années 1700, les curlers lançaient simplement leurs pierres sur la glace, poignée en position droite, sans effet. Puis, les curlers de la paroisse de Fenwick ont découvert que s’ils faisaient un mouvement de rotation, ou comme ils l’appelaient, un « twist », avec la poignée lors du lancer, leur pierre contournerait la pierre de l’équipe adverse et serait cachée. Certains ont dit : « Ce n’est pas du curling. » Quelques curlers de l’époque voulaient que la rotation soit interdite parce qu’elle allait à l’encontre de l’esprit du jeu. Le curling, disaient-ils, demande et nécessite des lancers droits. D’autres se sont dit que si les curlers de Fenwick pouvaient faire en sorte que leur pierre en contourne une autre et se cache derrière une garde, ils pourraient eux aussi apprendre la même manœuvre "illégale" et battre les Fenwickiens à leur propre jeu. C’est ainsi que les in-hand (effet intérieur) et out-hand (effet extérieur) ont vu le jour, et que le curle désigne cette courbe !
Il est fort probable que cette partie concave de la semelle de la pierre soit, au départ, la conséquence d’une nouvelle méthode, utilisée par quelques fournisseurs indépendants de pierres, pour la fixation de la poignée avec un goujon qui traverse de part en part la pierre (système toujours utilisé de nos jours).
Uli Sommer
La glace, ça glisse !
Au fil des ans (je suis dans le monde du curling depuis 45 ans) je me suis fait une opinion un peu différente de l’explication basique de l’effet du balayage. Je ne parle pas ici de l’influence de l’angle du va-et-vient avec la trajectoire qui est apparu dernièrement.
Je ne suis pas un adepte de la théorie de la fine couche d’eau engendrée par l’échauffement de la glace par le « va et vient » du balai et qui ainsi prolongerait la glisse grâce à une lubrification meilleure que celle de la glace «non balayée»
Dernièrement j’ai lu un article dans "Le Matin Dimanche" du 1er décembre 2019, rédigé par Julien Pidoux, qui m’a fait littéralement tilter ! Il y est dit qu’il y a effectivement une «fine couche d’eau» ?
Cela m’a vraiment intrigué. Il s’agit d’une recherche faite par des physiciens d’instituts français, entre autres, et qui dit … que la glisse restera encore et toujours un peu «mystérieuse» !
Ce que l’on sait, c’est que sous l’effet de la pression la glace (et neige) a tendance à se liquéfier et ainsi améliorer la glisse. Cela a déjà été relevé par le physicien anglais Michael Faraday dans les années 1830. Ce phénomène est bien connu des patineurs, skieurs, bobeurs etc…
Il en résulte que la pierre glisse grâce à la pression engendrée par son poids et que le balayage peut l’améliorer (mais ça on le sait déjà). Cependant s’il y a de l’eau il faudrait une trace sur la glace après le passage de la pierre, jamais constatée jusqu’à ce jour. Les physiciens restent assez perplexes et c’est la raison qui les a poussé de faire des recherches encore et encore. Selon leurs dernières analyses, la fine couche d’eau est bien plus mince que supposé. A peine quelques centaines de nanomètres (nm).
Pour comprendre : p.ex. 600 nm représentent 0.0006 mm soit six dixmillième de mm! donc hyper fine, la couche! mais est-ce vraiment de l’eau? Les physiciens la nomment «fusion intercalaire» ?!?!, elle n’a aucune ressemblance avec l’eau classique. Sa viscosité est différente et se rapproche de celle de l’huile qui est bien meilleur que la viscosité de l’eau classique.
"Plus la pression est grande et plus il y aura des molécules aux propriétés quasi-liquide en surface de la glace."
nous apprend le physicien Michael Lehning de l’EPFL. Et voilà l’explication de l’effet du balayage : c’est de la pression qu’il faut exercer sur le balai avant tout si on veut améliorer la glisse et cela le plus près possible de la pierre sinon tout est pour rien.
Le balayage élimine quand même aussi les débris qui sont sur la glace, débris provenant avant tout de l’équipement des joueurs et de la ventilation.
Comme quoi je n’étais pas si loin de la vérité, je prétendais que le balayage changeait la structure de la surface et manifestement c’est le cas, il n’y pas de l’eau mais de l’eau « intercalaire »…
Uli Sommer
La pierre et la pression (et la glisse)
Dans l’article « la pierre ça glisse » nous parlions de la pression que la pierre exerce sur la glace et qui est responsable de la glisse
Voici une petite (grande) analyse :
D’abord qu’est-ce que la pression : C’est la force que l’on exerce sur une surface donnée. P.ex. Si j’exerce une force de 100 Newton (environ 10 kg) sur une surface de 10 cm2, je vais avoir une pression de l’ordre de 1 bar (env. 1 atm)
Compris ? Si la surface n’est plus que de 1 cm2 et que la force est tj de 10 kg, la pression sera 10 fois plus grande donc 10 bars ! C’est le principe de la punaise : une grande surface où on appuie (force) et une pointe qui s’enfonce (petite surface) !
Pour une pierre, la surface, en contact avec la glace, est la couronne ou anneau de glisse. En générale le diamètre moyen de l’anneau est de D = 12 à 14 cm selon les pierres, et la largeur de la bande qui glisse de L= 4 à 6 mm. La force qui s’exerce est le poids de la pierre, entre F = 17.24 et 19.96 kg
Pour la formule qui va vous permettre de faire des miracles, je me suis basé sur :
Constat : Pour une même pierre, (Poids et Diamètre moyen de l’anneau de glisse identique), la largeur de cette dernière a une influence considérable sur la pression exercée :
La différence de pression entre
6 et 5 mm de large est de 0,157 bar ou de 16,4% par rapport à 5 mm.
La différence de pression entre
4 et 6 mm de large est de 0.397 bar ou de 33.1% par rapport à 4 mm.
La différence de pression entre
4 et 5 mm de large est de 0.240 bar ou de 20% par rapport à 5 mm.
Nous savons que la pression est responsable de la glisse et que l’augmentation de la pression améliore la glisse. Nous voyons une différence de 16 à 20 % pour une variation de largeur de 1 mm !
On peut en tirer pas mal de conclusions, par exemple sur la variation de la vitesse de la pierre en relation avec l’usure du peeble :
Plus le match avance dans le temps, plus la surface de contact de la pierre avec la glace augmente, donc la pression diminue ! La conséquence est une diminution de la « vitesse » de la pierre ! ou autrement dit : il est normal que la vitesse de la pierre soit moindre au 7 end.
A remarquer que la glace est peeblée et que la véritable surface de glisse est nettement plus faible (au moins de 50%) ce qui implique une pression bien supérieure (si 50% alors pression 2 fois plus élevée soit pour nos exemples :1,6 à 2,2 bar).
Etc…
Uli Sommer
Les "hacks"
Les hacks (aujourd’hui il y en 2 à chaque extrémité de piste) sont des plots de départ similaire aux plots de départ des sprinters en athlétisme (100m, 200 m 400 m).
Le « hack » fait partie du curling depuis toujours, même si sa forme et son nom ont changé aux files des siècles. Il fallait un élément pour ne pas glisser lors du lancer.
Au début, et cela jusque tard au 19ème siècle, le curling se jouait sur des étangs et lacs gelés. Pour ne pas glisser, on creusait la glace afin d’avoir un appui pour un pied. Cependant, les dimensions et le poids des pierres n’étaient pas réglementés et certaines pesaient près de 50 kg. Il n’était donc pas rare que la glace cède sous le pied du curler !!! Le trou dans la glace fut remplacé peu à peu par une semelle amovible avec des pointes, similaire à la semelle du golfeur. Le terme anglais (écossais) était le « cram-pits » ou crampit. Cette semelle amovible permettait une bonne tenue lors du lancer. Mais voilà, parfois le curler oubliait de l’enlever et il endommageait méchamment la surface de jeu. Le crampit « semelle » fut remplacé par une planche ou une plaque de métal fixe, munie de pointes ou légèrement noyée à la surface qu’on appelait aussi « crampit ». Le curler avait alors une assise parfaite lors du lancer. C’est en fait l’ancêtre du hack. Le lancer debout et sans glissade fut la technique usuelle pour une bonne partie du début du 20ème siècle.
Ce fut une légende du curling, le canadien Ken Watson, qui fut « l’inventeur » du sliding en 1936. Lors du Brier (le championnat canadien) il glissa élégamment sur la glace avec un soulier ayant une semelle en cuir. Ce « nouveau » lancer fut tellement déroutant pour la majorité des curlers qu’ils voulurent changer le règlement pendant la compétition. Il gagna trois Brier (1936 - 1942 - 1949)
Les deux hacks vont ainsi évoluer dans la forme et dans la matière et leurs positions seront règlementées.
Saison 1995-1996 Souvenirs
Une grande et belle saison de curling pour notre halle.
D’abord un peu d’histoire. En ce temps l’Association Suisse de Curling (ASC) était encore formée de 3 régions qui se géraient de manière autonome (président, trésorier etc) Elles organisaient aussi les championnats régionaux selon les directives de l'ASC. Les résultats permettaient d'accéder (ou pas) aux championnats nationaux. A Lausanne il y avait encore, sauf erreur,3 clubs.
Dans les années 90 quelques anciens voulaient créer un nouveau club, formé uniquement de vétérans.Ce fut un échec car l'ALC s'y opposa. Ces vétérans démissionnèrent et créèrent le CC Lonay et jouaient à Morges. Après quelques années ce club disparut, fautes de combattant (évidemment).
Une nouvelle section de vétérans renaissait alors à Lausanne. Le mardi le 20 février 1996 sous la houlette de Hansueli Bohren ce fut le premier tournoi vétérans de la nouvelle section et ce fut un grand succès : 20 équipes avec 15 venant de l’extérieur !
Champion lausannois cette saison là : une équipe du centre juniors skipée par Patrick Gindroz avec Jean-Nicolas Longchamp, Grégoire Francey et Valentin Fauchère.
Vice championne suisse de ligue B féminine l'équipe du Lausanne-Riviera skipée par Nancy Guignard avec Hélène Grieshaber, Nathalie Besson, Ana Suter et Daniela Schlegel, équipe qui accéda à la Gold-league (ligue A).
Championne suisse élite féminine l'équipe du Lausanne-Nestlé skipée par Caroline Gruss avec Corinne Anneler, Sylvie Meillaud, Sahel Rieser et Barbara Schenkel (7ème au championnat du monde 1996)
Sahel Rieser (qui nous vient de Genève) a marié un curler de Bâle (Traub) et leur fils Noé joue depuis cette année (2020-21) avec notre équipe junior championne suisse (Anthony, Pablo et Téo)
L'équipe mixte du Lausanne-CC+Ouchy skipée par Bruno Schenkel avec Laurence Morisetti, Bernard Cordey et Catherine Schenkel, fut championne région Ouest puis championne suisse mixte.
L'équipe genevoise de Yannick Renggli recruta deux membres lausannois, Jean-Philippe Suter et Vincent Allaz. Tous deux sortent de notre centre juniors.
L'équipe du Lausanne Olympique(qui n'avait pas point d'attache à ce moment là) avec notre membre Patrick Loertscher fut championne suisse puis médaille de bronze au championnat du monde de la même année (1996).
Patrick Loertscher est un ancien champion suisse juniors 1977 avec l’équipe juniors du centre skipée par Jürg Tanner avec Jean-Pierre Morisetti et Jürg Hornisberger
Bref une grande année pour les Lausannois